Comment sait-on que l'on est une sorcière ou un mage


On est venue - ou revenue - à la Vie ainsi. C'est un don, une vocation, une filiation. Une graine à faire germer pour être digne d'avoir reçu ce trésor infini :

" Au temps des haches,
   au temps des loups,
   au temps des parjures,
   au temps des fous ..."

On est fille de la Terre et de la Lune, fille du Soleil et du Bouleau. Soeur de la Morrigane et de la Völva. On se souvient, on perçoit, on pressent. On à l'intensité et la subtilité. On colle à son destin. Le pied épouse la Terre, la main caresse le Vent, on sait lire dans les sources et le Soleil couchant...

On le sent dès l'enfance et la noire démonie, les règles castratrices de la société, les horaires, le béton, les asiles, les prisons, les écoles ne font pas partie de notre vision du Monde. Nous ne "possédons" pas ce genre de concepts. Et toutes les grilles imposées à notre vitalité nous sont tortures et souffrances, carcans et coins et piquantes aiguilles cherchant à débouter, à réduire, à endiguer notre puissance, notre différence... Mais nous percevons tant d'autres couleurs ; les écrans et les voiles n'ont aucune prise sur nous, ni les clichés et les phrases. Il n'y a que des images et des messages... vibrants.

Nous sommes nées comme ça : invincibles, inviolables, indomptables. Vivantes, intégrales et sorcières !

On nous le dit, avec des accents de haine, des velléités de destruction ou des flammèches d'admiration et de désirs dans les prunelles. "Sorcières !"

Il n'y a qu'à voir l'éclat de nos yeux : le soleil ne s'y noie pas, les étoiles non plus. Ils y ricoches et y gagnent en éclat.

Et comme nous prenons la terre à pleines mains, nous mourrons vivantes !

La haine nous est hommage. Les tourments nous grandissent. Les calomnies sont pour nous compiments inversés. Et nos cicatrices aussi glorieuses que celle du guerrier de lumière !

Notre magie c'est la conscience élémentaire, le concentré d'intensité, la savourage de la substance vitale et de l'essence du "Secret des bois".

Onduler avec Maître Vent, L'âme émoustillée, la chair en émoi, le sang en effervescence, La plaisir à fleur de peau. Ne me dites pas, à moi, que les Arbres caressés, secoués, pénétrés par le Vent n'en ont pas conscience, n'en ressentent pas le plaisir et l'élan, de la sève aux racines !

Prendre au rocher où l'on s'appuie, sa partie minérale et hiératique, s'imprégner du soleil qui a ruisselé sur lui et dont il a recueilli les principes en les concentrant et en les transformant, comme ceux de la Lune... Or et Argnet... Sel de la Vie... Et, contre lui, les pieds enfoncés dans l'humus, se donner au Vent... A la pluie qui stimule l'Eau en soi... Au Soleil qui ranime la flamme en soi... A la Terre opulente et s'accorder à leur rythmes pour sentir son propre coeur battre à l'unisson ... Quatre éléments mêlés en soi, parcelle infime et riche de potentialités de la totalité. Devenir minéral, animal, végétal, substance, lumière et souffle, fluide et flambante.

Et savoir accroître ces vertus en soi, afin de les dispenser à qui le mérite.

Tout ce que l'on puise, on peut le distiller en nous-même et le verser, tel un élixir, dans la coupe de celui qui aspire à la régénérescence... à condition qu'il veuille boire dans nos mains !



source "Noces de sève et de vent" Marie de Valence
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